De l’École des beaux-arts de Montréal à l’Université du Québec à Montréal

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La fondation de l’École des beaux-arts de Montréal (ÉBAM) remonte à 1922 par une loi sanctionnée du gouvernement du Québec. L’enseignement y débute en 1923. À ses débuts, l’ÉBAM offrait des cours de peinture, de dessin, de modelage, de composition décorative, ainsi qu’un programme de formation pour de futurs professeurs de dessin. C’est au rythme des changements sociaux et culturels de la nation québécoise que la formation en beaux-arts évolue. L’ÉBAM voit le jour en pleine période d’industrialisation. À cette époque, elle forme surtout des spécialistes en arts décoratifs ou appliqués mais néglige l’approche expérimentale en beaux-arts. Vers la fin des années 1930, les courants idéologiques et traditionnalistes émergents viennent encourager la pratique d’un art proprement canadien. Suite à la Deuxième Guerre mondiale, le Québec s’ouvre davantage aux courants artistiques étrangers. En 1948, la publication de deux manifestes artistiques québécois a pour effet de réanimer les passions au sein des groupes d’artistes et de contribuer à l’amélioration des programmes de formation de l’ÉBAM. L’un de ces manifestes, Prisme d’Yeux, fut rédigé par Jacques de Tonnancour et signé par une quinzaine d’artistes regroupés autour de l’artiste Alfred Pellan. Le second manifeste, Refus Global, fut rédigé par Paul-Émile Borduas et appartient au mouvement des Automatistes, un groupe d’artistes dissidents dont faisait partie, entre autres, le peintre Marcel Barbeau. La période de 1957 à 1961 constitue l’âge d’or de l’École des beaux-arts de Montréal. En effet, cette période fut marquée par l’évolution de modes d’expressions artistiques et par une prise de conscience collective du rôle social de « l’artiste ». Dans les années 1960, l’ÉBAM se remet souvent en question relativement à son rôle social et son fonctionnement. En 1966, une commission d’enquête sur l’enseignement des arts au Québec est instituée dans le but d’étudier l’ensemble des questions relatives à l’enseignement des arts. Or il faudra attendre jusqu’en 1969 avant que ne soit diffusé le rapport final de cette commission d’enquête, soit le rapport Rioux. Par la suite, une importante réforme des programmes de formation de l’École est effectuée entre 1966 et 1968. À l’automne 1968, une grève étudiante éclate au sein de l’ÉBAM, grève marquée par une occupation de près de six semaines de ses locaux.

L’École des beaux-arts de Montréal a cessé ses activités suite à une décision du ministère de l’Éducation par laquelle il cède les fonctions d’enseignement supérieur des beaux-arts à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). L’ÉBAM, sera l’une des cinq écoles à s’incorporer à l’UQAM lors de sa fondation en 1969.

L’enseignement de l’architecture

Dès son ouverture en 1923, l’École des beaux-arts propose, en plus de la formation en beaux-arts, un programme de formation supérieure en architecture, programme offert jusqu’alors par l’École Polytechnique de Montréal et l’Université McGill. Les étudiants inscrits à la formation en beaux-arts et celle en architecture se partageront les mêmes locaux du bâtiment, situé au 3450 rue Saint-Urbain, jusqu’en 1955. En effet, le gouvernement acquiert en 1955 l’immeuble situé au 125 rue Sherbrooke Ouest, soit l’ancien Commercial High School. Les cours consacrés à l’enseignement des beaux-arts y seront ainsi relocalisés. Le programme de formation en architecture continuera d’être offert par l’ÉBAM dans les locaux de la rue Saint-Urbain jusqu’en 1959, soit l’année de la fondation de l’École d’architecture de Montréal. Indépendante de l’École des Beaux-arts, cette nouvelle école n’existera que durant cinq années. Afin de répondre adéquatement aux besoins de la profession et de suivre les recommandations énoncées dans le rapport du Comité d’étude sur l’enseignement dans les écoles d’architecture de Montréal et de Québec, le programme de formation supérieure en architecture sera intégré à l’Université de Montréal en 1964. La Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal sera créée en 1968, constituant la fusion de l’Institut d’urbanisme et de l’École d’architecture.

Les cours du samedi

En 1937, suite à une demande croissante et à l’insistance de nombreux parents, le directeur de l’École, Monsieur Charles Maillard, décide d’intégrer des cours en beaux-arts les samedi. Ces cours s’adressent aux enfants et adolescents âgés entre 4 et 18 ans. On y enseigne le dessin, la sculpture et la peinture. Les cours du samedi ont lieu à l’ÉBAM, mais également chez plusieurs partenaires affiliés à l’École tel que les centres d’art, les écoles, les paroisses, les associations et les centres culturels, de loisirs et sportifs de diverses villes.  À partir de 1958, les cours du samedi deviennent des lieux de stages pratiques pour les étudiants du cours de pédagogie artistique de l’ÉBAM.  En 1960, l’artiste et professeure Irène Senécal, aujourd’hui considérée comme une pionnière dans le domaine de l'éducation par l'art au Québec, est nommée directrice des cours du samedi et responsable des centres d’arts de la région montréalaise. Avec l’intégration de l’ÉBAM à la Famille des arts de l’UQAM en 1969, la formule des cours du samedi subit des transformations, mais le concept initial subsiste. Au fil des ans, les cours du samedi ont permis de contribuer au développement de la pédagogie artistique en devenant un lieu pour les stages pratiques pour les étudiants ainsi qu’un espace d’expérimentation et de recherche privilégié pour les professeurs d’arts plastiques. Aujourd’hui l’idéologie de base qui a animé le projet d’éducation artistique des cours du samedi est toujours présente lors des ateliers d’arts animés par les étudiants et diplômés de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, ateliers administrés par les cours du samedi, un organisme à but non lucratif qui existe depuis 1948.

Le développement des programmes d’enseignement des arts dans le réseau des établissements scolaires de niveaux primaire et secondaire au Québec a certainement influencé les orientations de l’organisme. Ce dernier ayant graduellement délaissé l’enseignement des arts auprès des enfants pour adapter son programme d’activités auprès des adolescents et des adultes.