Collège Sainte-Marie

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Fondé par les pères de la Compagnie de Jésus à la demande de Mgr Ignace Bourget, le Collège Sainte-Marie ouvre ses portes en 1848 pour ne les fermer que 120 ans plus tard lors de son incorporation à l’Université du Québec à Montréal en 1969. Collège classique de grande réputation, les jésuites offrent aux jeunes garçons un enseignement supérieur qui valorise l’épanouissement personnel et qui ouvre les portes aux carrières du monde. Les débuts du Collège sont fort modestes. En effet, avant l’inauguration officielle de l’édifice de la rue Bleury en 1851, seulement une soixantaine d’élèves fréquentent la petite maison de bois rue Saint-Alexandre dans laquelle les jésuites dispensent leurs cours.

Un statut universitaire

Au début des années 1870, les Jésuites ne cachent pas leur intention de créer une institution de niveau universitaire, et ce, au grand dam de l’Université Laval. En effet, suite à la création en 1863 de la Faculté des Arts de l’Université Laval, tous les collèges classiques de la province lui sont affiliés et elle est la seule à pouvoir décerner des diplômes à ces étudiants. Cependant, les jésuites de Sainte-Marie refusent cette affiliation forcée sous prétexte que leur autonomie et leur originalité en seraient compromises. Par ailleurs, l’ouverture d’une succursale montréalaise de l’Université en 1877 ne calme pas le jeu. Les dirigeants de Laval essuient à nouveau un revers; les Jésuites refusent toujours de s’affilier. La direction du Collège s’engage dès lors dans une lutte pour obtenir un véritable statut universitaire. En 1889, le pape Léon XIII intervient personnellement pour mettre fin au conflit et accorde au Collège certains privilèges, soit d’organiser ses propres examens et de recommander à l’Université les étudiants aptes à recevoir leur diplôme. Toutefois, il faut attendre 1930 pour voir le «statut universitaire» des jésuites officiellement confirmé, à nouveau par l’intervention du pape, et 1959 pour qu’ils puissent décerner leurs propres diplômes universitaires dans au moins deux facultés.

«Non» aux jésuites

En 1960, les jésuites offrent au gouvernement de créer l’Université Sainte-Marie qui résulterait d’une fusion entre les collèges Sainte-Marie et Jean-de-Brébeuf. Pour appuyer leur projet, ils mettent l’accent sur la future augmentation de la population étudiante, sur leurs cours du soir de niveau universitaire qu’ils dispensent déjà et sur l’emplacement du collège. Cependant, dans le sillage des transformations que connait la société québécoise au début des années 1960, la demande provoque de vives réactions et l’opinion publique n’est pas favorable. En effet, même si la Révolution tranquille n’a pas encore amenée le lot de changements qu’on lui connait, les institutions universitaires à caractère confessionnel, dans un contexte de décléricalisation, sont de plus en plus mal perçues. Par ailleurs, la commission Parent confirme, suite au dépôt de son rapport, qu’elle ne peut confier aux jésuites le mandat de mettre en place la nouvelle université montréalaise. Les membres du comité Roger, un comité interne du ministère de l’Éducation, emboîtent le pas et insistent pour que la nouvelle institution soit publique et non confessionnelle; ce qui met fin définitivement aux espoirs des jésuites.

Suite à leur défaite, les jésuites renoncent à leur projet et collaborent aussitôt à défricher les voies de la deuxième université de langue française à Montréal. Le Collège met au service de la future institution son expérience, ses professeurs, ses programmes et ses biens immobiliers. Il est ainsi progressivement intégré à la nouvelle Université du Québec à Montréal jusqu’à sa fermeture complète en 1969.

Les pavillons Sainte-Marie et Émile-Gérard

L’édifice du Collège Sainte-Marie, sis sur la rue Bleury, est édifié de 1846 à 1855. Près de 20 ans plus tard, la chapelle initiale étant devenue trop petite pour accueillir les pères et les élèves, Mgr Bourget demande la construction d’une nouvelle église, l’église du Gesù, encore existante aujourd’hui mais non récupérée par l’UQAM lors de sa fondation. Suite à l’intégration du Collège, l’UQAM devient locataire des lieux et l’immeuble est occupé par le pavillon Sainte-Marie jusqu’en 1975. Il sera démoli en 1976 et seule l’église du Gesù, adjacente au collège est préservée. En 1970, l’UQAM fait l’acquisition du pavillon Émile-Gérard acquis par les pères jésuite dans les années 1960. Destiné à être intégré en 1971 à un nouveau bâtiment pour former le pavillon des sciences, des travaux de rénovation sont aussitôt entrepris pour permettre l’aménagement de laboratoires. Situé sur la rue Saint-Alexandre, il est le tout premier pavillon en propriété de l’Université.