Spécial recherche et création : Enfance – Voir pour entendre

« Parle plus fort, je n’ai pas mes lunettes. » Ce genre d’affirmation peut sembler loufoque, et pourtant, elle est tout à fait fondée. La vision joue un rôle clé dans la perception de la parole. L’illusion de McGurk l’illustre à merveille : un individu qui entend le son « aba » tout en regardant une personne prononcer « aga » croit entendre « ada ». Son cerveau combine les deux messages et les amalgame, en quelque sorte. Au Laboratoire de recherche en phonétique de l’UQAM, Lucie Ménard a démontré que la vision n’intervenait pas seulement dans la perception de la parole, mais aussi dans son développement. On apprend en mimant ceux qui nous entourent. La professeure du Département de linguistique et de didactique des langues a constaté, en travaillant avec des adultes aveugles, que ceux-ci bougeaient beaucoup moins leurs lèvres en parlant que des adultes voyants. Elle travaillera prochainement avec des enfants aveugles pour voir comment leur handicap constitue un obstacle lorsqu’ils apprennent à parler…

Des photographies accompagnent cet article: Lucie Ménard, professeure au département de linguistique et de didactique des langues et visage avec capteurs de mouvements. Photo: François L. Delagrave.